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Cette page a été mise à jour le 15/12/2011 : mise en ligne de DECEMBRE et JANVIER 1915 et le 16/12/2011 FEVRIER 1916

16 oct. 2008

Janvier 1915

1er janvier
Dans la journée, une vingtaine d’obus de 150 millimètres sur nos tranchés de première ligne. Éclatement peu dangereux. Aucun accident.

2 janvier
Dans la nuit du 1er au 2 janvier, vers minuit et demi, une patrouille est envoyé par le commandant de la 2ème compagnie pour tenter de faire des prisonniers. L’adjudant Bourreau commande cette patrouille. Menée avec une grande prudence elle parvient jusqu’à environ 60 mètres des trous de tirailleurs allemands. À ce moment, plusieurs coups de feu sont tirés par l’ennemi. L’adjudant Bourreau est touché xxxxx grièvement. Le temps est alors très clair et la patrouille est obligée de se replier, l’ennemi ayant envoyé deux patrouilles dans le but évident de cerner la nôtre. L’adjudant Bourreau invite à ce moment les hommes à l’abandonner pour qu’ils ne puissent être faits prisonniers. Il parvient néanmoins à se traîner pendant une centaine de mètres où alors un soldat le ramène dans nos lignes.
Bien qu’elle n’ait pu accomplir entièrement la mission qui lui était confiée, cette patrouille a rapporté des renseignements très intéressants sur les positions ennemies.
Dans la journée, canonnade habituelle des tranchées. Un blessé grièvement et un légèrement. Vers 16h00 le 2ème bataillon remplace le 3ème au deuxième sous-secteur. Le 3ème bataillon va cantonner à Chaudardes et Concevreux.

3 janvier
Obus habituels sur les tranchées et réserves. Pas de blessés. Vers 22h00, quelques obus de 77 sur la réserve du premier sous-secteur et plusieurs obus de 150 millimètres aux environs du poste de commandement du colonel. Aucun incident.

4 janvier
Dans la matinée, vive canonnade. L’objectif des Allemands a été tantôt les tranchées de première ligne, tantôt les compagnies de réserve, ensuite l’artillerie troisième batterie du 43e et artillerie lourde. Aucun blessé au régiment. De 14h30 à 16h00, la canonnade reprend avec la même intensité sans plus de résultat. Dans la soirée, un blessé peu grièvement par une balle perdue.

5 janvier
Vers 7h00, un abri a pris feu accidentellement. Les allemands ont ouvert une fusillade dans la direction. Un sergent blessé légèrement. Un caporal grièvement. Dans la journée, canonnade violente sans résultat. Vers 22h00, quelques obus sur les tranchées de premières lignes. Pas d’accident.

6 janvier
Toute la matinée vifs bombardements de tranchées des réserves des cuisines. Aucun blessé. Pendant une partie de la nuit, canonnade sur la gauche du secteur occupé par le régiment. Pas d’accident.

7 janvier
Dans la matinée, pendant 1h00 environ, le mont Hermel, occupé par un petit poste et violemment bombardé. Dégâts purement matériels, aucun blessé. Aux tranchées, un homme blessé par balle peu grièvement. Pendant la nuit, rien à signaler.

8 janvier
Obus habituels sur les tranchées et réserves. Pas d’accident. Un homme tué par balle. L’eau monte de plus en plus dans les tranchées et le service y est rendu difficile et pénible. Les hommes ont les pieds dans l’eau nuit et jour. Ils se reposent avec les pieds contre les parois des abris.

9 janvier
Bombardement quotidien sur les tranchées les réserves. Pas de dégâts. Pendant la nuit, rien à signaler.

10 janvier
Canonnade sur nos premières lignes et les réserves. Aucun blessé. Bombardement de Chaudardes par une pièce de 77, 30 obus. Un sous-officier blessé, un soldat tué, tous les deux par surprise. Vers 16h00 relève. Le 1er bataillon est réservé à Chaudardes et Concevreux. Le 2ème bataillon prend le premier sous-secteur. Le 3ème bataillon prend le deuxième sous-secteur. Nuit calme, rien à signaler.

11 janvier
Bombardement plus intense pendant la journée des tranchées, de la réserve et de Chaudardes. Une centaine d’obus sur les tranchées. Une dizaine sur Chaudardes. Quatre blessés du régiment et un du génie aux tranchées. Tous légèrement. Pendant la nuit, un coup de main tenté par une section de la 7e compagnie nous a permi d’occuper l’emplacement d’un petit poste ennemi situé à environ 250 mètres en avant deux nos lignes.
Une tranchée et des réseaux brun et de fil de fer barbelé seront installés dès la nuit prochaine.

12 janvier
Obus habituels. Deux blessés, un par éclat d’obus assez grièvement, l’autre par balle légèrement. Nuit calme. Rien à signaler.

13 janvier
À part la canonnade habituelle, rien à signaler. Pas de blessés. Nuit calme.

14 janvier
Bombardement plus intense que de coutume, principalement du sous-secteur numéro un. Trois blessés, deux légèrement, un plus grièvement. Toute la journée, les Allemands ont envoyé des obus de tous calibres dans la direction des batteries. Rien à signaler pendant la nuit.

15 janvier
Canonnade, moins vive que celle d’hier, sur les tranchées de première ligne. Pas de blessés. Nuit calme.

16 janvier
Vers 7h00, vive fusillade à gauche avec canons de gros calibre. Fusillade de courte durée. Bombardement des deux sous-secteurs et de Chaudardes, pas de blessés.

17 janvier
Bombardement très vif des cuisines du sous-secteur de droite. Trois tués, quatre blessés faisant partie d’une corvée en route surprise par hasard. Bombardement de Chaudardes. Sans résultat. La musique du régiment et reconstituée sous la direction du sous-chef de musique David. Elle sera cantonnée à Ventelay ou les répétitions auront lieu. Nuit calme, rien à signaler.

18 janvier
Vers 8h00, deux obus sont tombés sur le sous-secteur numéro deux, tuant un homme. Dans la journée, bombardement moins violent que d’habitude. Pas de blessés. À 16h00, le 2ème bataillon remplace le 1er à Chaudardes et à Concevreux. Le 1er bataillon va occuper le sous-secteur numéro un. Nuit calme. Aucune patrouille allemande ne s’est montrée sur le front du régiment.

19 janvier
Dans la journée, un homme blessé par balle perdue. 20 ou 30 obus sur les tranchées sans résultat. Vers 19h45, le feu de l’artillerie a été ouvert sur l’ordre du colonel. Objectif : place de l’église de Craonne sur les convois de ravitaillement ennemis. 14 coups de 155 L ou TR. 10 obus explosifs de 75. Le tir parfaitement réglé a dû produire un grand effet de surprise. On a entendu des voitures ennemies fuir précipitamment. Toutes les lumières ont été éteintes précipitamment. Vers 21h00, quelques obus sans accident.

20 janvier
Bombardement moins intense que d'habitude. Pas d’accident. Vers 17h00, le petit poste qui occupe la meule de paille sur la route de Chevreux se replia sans combattre devant un détachement ennemi de 60 hommes qui s’approchaient de la meule. Sur l’ordre du colonel, le petit poste a été repris sans un coup de feu, sans combattre. Nuit calme.

21 janvier
Bombardement habituel plus violent qu’hier sans dégâts. Nuit calme, rien à signaler devant le front du régiment. Les Allemands ont incendié des meules entre Craonne et Craonnelle. Une de nos compagnies a tiré un feu de salve sur des Allemands qui se retiraient en petit nombre.

22 janvier
Bombardement de tous les jours sur les tranchées de première ligne et les compagnies en réserve. Le sous-lieutenant Dapoigny de la 3e compagnie est blessé légèrement au mollet et à l’épaule par éclats d’obus. Le sous-lieutenant Dapoigny demande instamment à rester sur le front, le colonel donne des ordres pour que néanmoins il soit visité aujourd’hui même par le médecin-chef. Le 155 à envoyé deux obus sur Craonne d’après une indication donnée par la première ligne. Il y a un effet sérieux, car les observateurs du mont Hermel ont entendu de nombreux cris de terreur poussés par les Allemands. Dans la soirée, les Allemands ont envoyé 40 obus sur la ferme du Temple, où le colonel a fait allumer un feu discret pour attirer leurs tirs.

23 janvier
Bombardement des tranchées de première ligne et de la ferme du Temple qu’un avion a survolé dans la matinée et sur laquelle il a laissé tomber une fusée. Un blessé légèrement dans les tranchées par des éclats d’obus. La batterie Bobollet a tiré sur des mitrailleuses allemandes à la lisière sud du bois de Chevreux. Elle a atteint une tranchée des tireurs, mais l’abri des mitrailleuses n’a pas été touché. Tirs très meurtriers néanmoins. L’observateur de la meule de paille a vu cinq ou six Allemands sauter en l’air ! Pendant la nuit, rien à signaler. Les Allemands ont bombardé en pure perte la ferme du Temple. Cette consommation d’obus était habituellement destinée aux compagnies de première ligne.

24 janvier
Journée calme si ce n’est que la ferme du Temple continue à avoir la faveur des allemands. Un soldat y entretient le feu de jour et allume le soir une lumière baladeuse. À 16h00, relève. Le 2ème bataillon remplace le 3ème dans le sous-secteur numéro deux. Le 3ème va cantonner à Chaudardes et Concevreux.

25 janvier
À 8h00, très bon tir de canon de 37 sur Craonne. 62 obus. Entre 14h00 et 15h00, une vive fusillade éclate dans le secteur du 129e (à droite du 36e ). Après cette action vers 15h00, les Allemands entament une canonnade et une fusillade intenses sur toute l’étendue du secteur du 36e. L’artillerie allemande envoie des obus de tous calibres, du 210, tire sur la batterie lourde (batterie Fromageot) du bois de Beaumarais. Les coups trop courts tombent à quelques mètres à l’est du poste de commandement du colonel et sur les abris des deux compagnies du 35e territorial. Les deux compagnies avaient quitté leurs emplacements quelques instants auparavant pour se rendre aux emplacements de combat. Le colonel reçoit successivement par téléphone plusieurs comptes rendus du sous-secteur numéro un (est du bois de Beau Marais) disant que les compagnies de première ligne sont fortement attaquées et réclament des munitions. Du poste de commandement, on entend effectivement une très vive fusillade.
Après de nombreuses communications téléphoniques avec les deux sous-secteurs, le colonel donne l’ordre formel de ne pas tirer un coup de fusil avant que l’ennemi ne soit à proximité des réseaux de fil de fer. La fusillade cesse de notre côté et l’on entend plus alors que celle des Allemands très vive encore. Le colonel apprend alors qu’en réalité l’ennemi n’est pas sorti de ses tranchées. À 16h30, la fusillade a complètement cessé. La canonnade seule subsiste. À droite du secteur du 36e, elle a été particulièrement violente. À la fin de la journée, une patrouille poussée en avant du front du 36e rencontre une patrouille allemande et lui tue ou blesse plusieurs hommes dont elle ne peut s’emparer par suite de l’arrivée d’un groupe d’Allemands plus fort qu’elle. Le poste avancé (un sergent et six hommes) a tenu toute la journée sous la fusillade et la canonnade.
Les pertes ont été de : quatre tués et deux blessés par des éclats d’obus et 11 blessés par balles. Dans la soirée, notre artillerie lourde tire sur Craonne où l’on a entendu une forte explosion.

26 janvier
Bombardement sur le secteur de droite sans résultat. Journée calme. Dans la soirée, une quinzaine d’obus sur le poste de la meule de paille. Un homme tué. Vers minuit, les Allemands ont envoyé quelques coups de feu de la lisière du bois de Chevreux et ont ensuite chanté.

27 janvier
Canonnade du sous-secteur de droite. Deux blessés légèrement par des éclats d’obus. Le poste de la meule de paille avait été bombardé sérieusement ainsi que la sape y conduisant. Le parapet de la tranchée en avant de ce poste est bouleversé. Les hommes s’étant tapis au fond de la tranchée, aucun n’a été touché. Ils ont tué deux Allemands cet après-midi.
Calme sur le sous-secteur de gauche.
Huit obus seulement aujourd’hui sur la ferme du Temple. Vers 18h00, bombardement du mont Hermel : un homme tué. Un avion a survolé le poste de la meule de paille ; les habitants ont fait le mort. Peu après une patrouille ennemie s’approchait. Le sergent ouvrit le feu et vit deux Allemands tomber.

28 janvier
Dans le sous-secteur de gauche rien à signaler. Le soldat Lagardère continue à allumer des bougies pendant la nuit et à allumer des feux le jour pour attirer la canonnade ennemie. Cet après-midi, 40 obus sont tombés sur la ferme ou à proximité. Pour plus de vraisemblance, il a éteint ses feux pour faire croire à l’ennemi que le but est atteint.
Nuit calme, rien à signaler.

29 janvier
Journée calme, peu d’obus. 95 obus de 37 ont été tirés sur le mur crénelé et les maisons de droite du village de Craonne, notamment sur une maison dans laquelle doit se trouver un observateur allemand.
Vers 14h00, tir de repérage sur l’église de Craonne pour XXX (???) ce soir s’il y a ravitaillement. Dans la soirée, un convoi avec tracteur est signalé en marche sur Craonne. Le 90 et le 155 ont tiré sur Craonne, les roulements de voitures ont immédiatement cessé.

30 janvier
À 7h00, le canon de 37 tire environ 50 coups sur Craonne. Dans la journée, les Allemands envoient une quinzaine d’obus en avant ou en arrière de la ferme du Temple. 30 obus sur la compagnie de droite du sous-secteur de droite, en arrière de la meule de paille, et sur les tranchées. Rien dans le secteur de gauche. Nuit calme.
Une patrouille a reconnu pendant la nuit une nouvelle tranchée établie par les Allemands au sud-ouest du bois du Bonnet Persan. Cette tranchée n’est qu’une ébauche non garnie de fil de fer.

31 janvier
Quelques obus sur les anciennes cuisines et vers la ferme du Temple. D’autres entre le poste de la meule de paille et la lisière du bois de Beau Marais. Aucun dégât. Une dizaine d’obus sur Chaudardes sans plus de résultats. À la nuit, relève. Le 1er bataillon va cantonner à Chaudardes. Le 2ème va occuper le sous-secteur numéro un. Le 3ème va occuper le sous-secteur numéro deux. Nuit calme.

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